Liz Johnson Artur

Liz Johnson Artur, une histoire d’instinct et de sentiment

Née en 1964 en Bulgarie d’un père ghanéen et d’une mère russe, Liz Johnson Artur a eu une enfance cosmopolite, déménageant d’abord en Allemagne, où elle passe son bac et commence des études de langues slaves et de politique. En 1985, elle découvre la photo par un ami qui l’invite à tirer les images en chambre noire après la prise de vue. L’année suivante, en 1986, elle va à New York avec un boîtier et s’aventure dans la rue pour photographier les gens. C’est à Brooklyn que tout a commencé au cours d’un séjour chez une famille russe dans un quartier noir de la ville. La photographie devient un moyen de communiquer avec d’autres personnes d’origine africaine. « New York est vraiment ce qui m’a mis sur la voie », déclare l’artiste. Elle étudie ensuite la photographie au Bayerische Staatslehranstalt für Photographie de Munich, avant de déménager à Londres en 1991 pour rejoindre les Beaux-Arts du Royal College. Dans les années 1990, elle travaille comme freelance pour des magazines – I-D, The Face, Fader, Vibe, Spin…– et photographie des artistes comme Seun Kuti, les Spice Girls et Amy Winehouse, mais aussi la vie quotidienne des Noirs. Des images pleines de bruit, de joie et d’énergie. C’est à cette époque que débute ce qui deviendra Black Ballon Archive, le grand projet qui se poursuit sur plusieurs décennies jusqu’à aujourd’hui. « C’est une histoire d’instinct et de sentiment, précise la photographe. Je ne planifie pas, j’aime bien me laisser guider par le hasard des rencontres. »

En 2002, Liz Johnson Artur rencontre Bakri Bakhit, qui devient son agent et l’encourage à publier un livre. L’artiste a déjà l’habitude de fabriquer des « carnets de croquis » qui rassemblent photos, dessins et textes, véritables journaux qui construisent son archive. Sa première monographie est finalement éditée en 2016 (chez Bierke Verlag), et le New York Times classe l’ouvrage parmi les meilleurs livres photo de l’année. Cette publication déclenche plusieurs expositions collectives dans des lieux prestigieux : la Serpentine Gallery, le Barbican et la Photographer’s Gallery de Londres, la David Nolan Gallery de New York, le Kunstverein de Leipzig, et une présence à la 10eBiennale de Berlin. En 2017, elle est nominée pour le prix de photographie Aimia | AGO. Ces preuves de reconnaissance feront entrer ses œuvres dans plusieurs collections internationales. L’artiste prend aussi conscience qu’il lui faut montrer son travail, et réalise des créations audios et vidéos qui s’invitent dans ses installations à partir de 2018. Ses expositions, sensibles à la manière d’occuper l’espace, fonctionnent comme un prolongement à ses carnets photographiques. En 2019, elle présente deux expositions personnelles au Brooklyn Museum de New York, et à la South London Gallery de Londres. Elle reçoit la bourse Turner en 2020, et vient d’être désignée lauréate du Prix Women In Motion en 2021. Sa prochaine exposition se tiendra au Foam à Amsterdam cet automne.

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