Fisheye Magazine #8
Sortie en kiosque en septembre 2014
Bimestriel
210 x 300 mm
124 pages
Français
Photo de couverture :
© Armen Parsadanov
Rupture de stock
4,90€
Arago, Tocqueville et Fleur Pellerin
Tout se bouscule en cette fin d’été qui est bien trop pressée de nous jeter dans les bras de l’automne. Le refus de la cacophonie ou du débat – cela dépend du point de vue – a donné naissance à un nouveau gouvernement. Une nouvelle ministre de la Culture a fait son entrée rue de Valois. Antagoniste patentée d’Aurélie Filippetti, Fleur Pellerin arrive avec un bagage numérique plus conséquent, mais devra résoudre les mêmes équations insolubles face à la baisse des budgets.
Dans le même temps, Snapchat, l’application qui permet d’envoyer des photos éphémères, vient de réussir une nouvelle levée de fonds auprès du célèbre capital-risque Kleiner Perkins qui valorise la société à près de 10 milliards de dollars sans avoir réalisé le moindre centime de chiffre d’affaires. Une somme en grande partie liée à l’offre de rachat par Facebook de 3 milliards de dollars, refusée voici quelques mois, qui a boosté la notoriété et la valeur de la société du jeune Evan Spiegel. Snapchat fait peur car son service attire de plus en plus de jeunes utilisateurs, là où Facebook décroche. Pourtant, face à cette course effrénée à la popularité juvénile, on a l’impression que la notion même de photo devient obsolète. On a le sentiment qu’il ne faudrait pas grand-chose pour rendre cette vieille dame de 175 ans (si on considère la présentation de l’invention de Daguerre en 1839 par Arago à l’Académie des sciences et non la première photo de Nicéphore Niépce en 1826) digne du Tetris des médias numériques. Une part de notre histoire pour laquelle on a de l’affection, mais dont on aurait un peu honte devant ses amis. Pourtant, est-ce Snapchat qui nous a fait aimer la photo ? Non ! Et ce n’est pas le petit fantôme où un de ses confrères en devenir qui nous en détournera. La photo évolue, et il faut arriver toutefois à la suivre.
Là où notre site fisheyemagazine.fr est né comme un blog, nous avons décidé de lui donner une nouvelle apparence à partir de mi-septembre pour être plus en phase avec ce que nous voulions vous offrir sur le Net. On espère que vous apprécierez. Autre changement de taille dans Fisheye, c’est le départ de Jessica, notre bien-aimée rédactrice en chef qui a décidé de suivre les traces de la valise de Robert Capa. Elle nous manquera. Éric nous a rejoint pour reprendre cette tâche bien ardue d’inventer ce magazine protéiforme qu’est Fisheye. Dans notre petite rédaction, l’invention quotidienne de notre gouvernance est un phénomène complexe que même la lecture assidue de De la Démocratie en Amérique d’Alexis de Tocqueville ne saurait régler complétement. Dans cette quête, Fisheye a trouvé sa voie et a su s’inventer comme une personne morale avec sa propre identité. Ce numéro riche et réussi (vous nous direz) en est une belle incarnation.