Fisheye Magazine #10
Sortie en kiosque en janvier 2015
Bimestriel
210 x 300 mm
124 pages
Français
Photo de couverture :
© Anthony Pastor
Rupture de stock
4,90€
Photographie & Bande dessinée : les arts mineurs se rebiffent
La presse est en train de mourir, mais la presse fascine. Alors que les sites Web et autres applications remplacent peu à peu les journaux et magazines dans les habitudes de lecture, jamais autant d’industriels n’auront cherché à contrôler des contenus journalistiques imprimés. En France, nous pouvons citer facilement le trio Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse, copropriétaires du groupe Le Monde et du Nouvel Observateur, mais qui ont également des participations personnelles chez Polka (Niel) ou Les Inrockuptibles (Pigasse). Plus récemment, l’appétit de Patrick Drahi et Bruno Ledoux s’est aiguisé avec Libération. Ils ont désormais des vues sur L’Express. François Pinault, avec Le Point, semble désormais un dinosaure des patrons de presse avec cette acquisition de 1997. Le phénomène est le même aux États-Unis avec, entre autres, la prise de contrôle de Jeff Bezos (patron d’Amazon) du Washington Post. Souvent, ces nouveaux patrons de presse estiment que, s’ils apportent leur soutien financier à des titres de presse, ils doivent pouvoir en tirer un avantage de prestige et éditorial. La situation financière délicate des médias écrits amène aussi ces tycoons des temps modernes à se comporter sans éthique en croyant qu’il est possible de crier sur un rédacteur en chef car tel article lui a déplu ou en licenciant, sans raison réelle, pour faute ses journalistes. Une réalité qui vient de nous être rappelé par la procédure d’une violence inouïe que Mondadori (propriété de la famille Berlusconi) vient d’entreprendre à l’encontre de Jean-Christophe Béchet et Sylvie Hugues, respectivement présents depuis 20 et 22 ans à la tête de la rédaction de Réponses Photo. Ces deux journalistes qui ont réalisé un travail remarquable à la tête de ce magazine et qui avaient acquis un respect profond et sincère de l’ensemble de la profession ont été licenciés sans ménagement et sans indemnités. Voici sûrement un acte aussi effroyable que vain, ce magazine n’ayant désormais qu’un avenir limité sans ses deux guides. Face à ces agissements, on ne peut que penser avec regret aux vrais patrons de presse d’antan qui avait l’intelligence de penser au développement de l’information avant de chercher à contraindre. En première place de cette liste, on pense à Claude Perdriel, qui certes a cherché à étendre son influence sur la partie éditoriale du Nouvel Observateur et de Challenges, mais avec discernement et courtoisie.
Fisheye Magazine reste, à l’échelle des noms cités plus haut, un Petit Poucet de la presse papier, mais un Petit Poucet qui compte bien retrouver son chemin. Il est vrai que cet édito aurait dû parler de notre dossier qui interroge la relation de la photo et de la BD, mais surtout celle de la narration. Autant vous y rendre directement, cela vous évitera de penser qu’on vous raconte des histoires.