Fisheye Magazine #62

La lutte du point de vue

À l’heure où le monde s’embrase à nouveau pour un bout de terre aux marges de la Méditerranée, la question du point de vue revient avec force. Quelles sont les perspectives depuis lesquelles nous regardons le monde et sa complexité ? En matière de photo, cela peut sembler simple à comprendre, pourtant rien ne l’est moins. Car le point de vue photographique n’est plus géographique, il est devenu idéologique, philosophique, conscient et politisé. C’est ce que vous verrez dans ce numéro où nous explorons les marges de Miami avec Antoine Martin qui nous amène dans un monde inédit où la ville change de couleur et d’âme. Même constat dans le travail d’Aurélie Scouarnec qui interroge notre humanité en nous montrant la vulnérabilité des animaux sauvages dans un centre de soins. Federico Estol, lui, sublime les cireurs de chaussures de La Paz et les transforme en superhéros, alors qu’Omar Victor Diop s’incruste dans les photos de famille de l’Amérique des années 1950 pour en révéler, par sa seule présence et par la couleur de sa peau, la discrimination dont font l’objet les Noirs dans la société de cette époque. Plus que jamais nous luttons pour affirmer un point de vue sur le monde. Chez Fisheye, nous le faisons depuis notre création en essayant de donner un regard contemporain sur une société en mouvement.